L'Autorité de la concurrence enquête sur le « cartel du jambon »




Le 21 Octobre 2018

Les groupes agroalimentaires spécialisés dans la charcuterie sont dans la ligne de mire de l'Autorité de la concurrence. Il leur est reproché de s'être entendus pour maintenir au plus haut les prix de certains produits, à commencer par le jambon.


Le Monde révèle que la filière de la charcuterie fait l'objet d'une enquête de l'Autorité de la concurrence. Plusieurs grands noms de cette industrie auraient formé un cartel, selon une entreprise du secteur qui, en octobre 2012, reconnaissait sa participation à ce groupe devant la Cour d'appel de Paris. En échange de la clémence et de l'impunité totale d'amende, cette société a révélé à l'Autorité de la concurrence des informations sur les pratiques d'échange d'informations « commercialement sensibles aux fins d'une coordination des industriels de la charcuterie-salaison ».

L'entente fonctionnerait en amont (les abatteurs) et en aval (les distributeurs). La coordination des entreprises impliquées dans ce véritable « cartel du jambon » leur ont permis de se fournir aux prix les plus bas, tout en revendant leurs produits à des prix élevés. L'entente s'est aussi arrangée pour fausser les réponses aux appels d'offres de la grande distribution pour leurs marques distributeur. Grâce aux informations données par le témoin, les enquêteurs ont pu établir des preuves de la caractérisation du cartel. Ce sont en tout 14 entreprises qui ont participé à ces manœuvres.

L'Autorité de la concurrence donnera son verdict dans le courant de l'année prochaine. Plusieurs entreprises prises la main dans le sac ont accepté de participer à l'enquête. De son côté, Fleury Michon conteste les notifications de griefs reçues par le groupe et plusieurs filiales ; la société avait même formulé un recours en octobre 2014, estimant « disproportionnées » les saisies des enquêteurs. Mais la justice a estimé que les preuves apportées par le demandeur de clémence étaient suffisantes.